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Les recettes médicinales

Au Moyen-Age, les gens se soignent grâce aux remèdes médicinaux conçus par les apothicaires. Les ingrédients utilisés sont les simples. Ces plantes étaient cultivées par les moines dans un espace dédié (proche de l'infirmerie, selon le plan idéal de l'abbaye de Saint-Gall), l'herbularius. Parmi les plantes cultivées à l'époque, certaines ont changé de statut et sont considérées comme de « mauvaises herbes » à l'époque moderne ; d'autres largement utilisées, sont tombées dans l'oubli. Enfin il convient de signaler les difficultés d'identification liées à des problèmes de traduction, que nous n'avons pas eu la prétention de régler.

 

Quelles sont les recettes médicinales au Moyen-âge ?

Quels ingrédients contiennent-elles ?

Quels sont leurs rôles ?

 

Les prinipes de la médication médiévale.

  • L'importance de la classe sociale

Au Moyen-Age la médecine fait peu à peu ses preuves mais reste incertaine, hasardeuse voire dangereuse.

A la fin du XI siècle les nouveaux ingrédients utilisés en médecine sont de plus en plus coûteux et donc inaccessibles pour les moins aisés.

 

 

  • La théorie des humeurs

Popularisée par le corpus hippocratique (recueils de médecine compilés au IIIe siècle avant JC d'après les idées d'Hippocrate de Cos), la théorie des humeurs est l'une des bases de la médecine antique. Selon cette théorie, le corps est constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Ces éléments, mutuellement antagoniques (l'eau et la terre éteignent le feu, le feu fait s'évaporer l'eau), doivent coexister en équilibre pour que la personne soit en bonne santé. Toute maladie, due à un dérèglement du jeu de ces éléments, est ainsi susceptible d'une explication purement physique.

Par exemple : la bile jaune, la « cole », chaude et sèche, est l’élément dominant de la jeunesse, elle donne un tempérament « coléreux », plein de « feu ».

 

 

  • Des apothicaires-épiciers aux pharmaciens

Ce sont les ordres monastiques qui ont pour devoir de soigner les malades. Ce sont donc eux qui cultivent la plupart des plantes médicinales comme le thym, la sauge, l'hysope, l'absinthe, la rue, le souci, la tanaisie, la mélisse, le romarin et la menthe verte …Ces ordres monastiques sont à l'origine des « jardins des simples » dans lesquels sont cultivés des plantes médicinales, des arbres, des fleurs … en référence au jardin d'Eden.

Et c'est au XIIIème siècle qu'apparaissent en Europe les premières boutiques d'apothicaires, auxquelles Saint Louis donne, en 1258, un statut pour la préparation et la vente des médicaments.

 

 

  • Les dates de péremption

La consommation des médicaments fait l'objet d'une surveillance administrative active. Des médecins passent une fois par an pour vérifier la conformité des produits et faire jeter ceux qui sont périmés.

Par ailleurs les apothicaires doivent savoir lire et écrire correctement ou avoir un assistant capable de le faire à leur place. Il leur faut en effet déchiffrer les ordonnances médicales et les étiquettes des médicaments. Ils doivent posséder des ouvrages de référence.

Leurs pots à pharmacie doivent porter, outre le nom des remèdes, le mois de l'année de leur fabrication.

 

 

  • Les ingrédients

Arrachage d'une mandragore. Manuscrit Tacuinum Sanitatis,

Bibliothèque nationale de Vienne, v. 1390.


La mandragore (Mandragora officinarum L.)

La mandragore occupe une place sans égale comme plante «magique» et c'est pourquoi elle fut à la fois crainte et respectée dans toute l'Europe médiévale. C'est l'un des exemples de la théorie des signatures : sa racine est si bien fourchue que la plante ressemble à un corps humain. On lui prêtait des pouvoirs surnaturels sur le corps et l'esprit. Sainte Hildegarde von Bingen écrit à son sujet «Celui qui souffre doit prendre une racine de mandragore, la laver soigneusement, en mettre dans son lit et réciter la prière suivante : mon Dieu, toi qui de l'argile as crée l'homme sans douleur, considère que je place près de moi la même terre qui n'a pas encore péché, afin que ma chair criminelle obtienne cette paix qu'elle possédait tout d'abord.»

 

L’épeautre
"L’épeautre est un excellent grain, de nature chaude, gros et plein de force, et plus doux que les autres grains : à celui qui le mange, il donne une chair de qualité, et fournit du sang de qualité.
Il donne un esprit joyeux et met de l’allégresse dans l’esprit de l’homme.
Sous quelque forme qu’on le mange, soit sous forme de pain, soit dans d’autres préparations, il est bon et agréable.
Si quelqu’un est si affaibli que sa faiblesse l’empêche même de manger, prendre des grains entiers d’épeautre, les faire cuire dans de l’eau, en ajoutant de la graisse ou du jaune d’œuf ; de la sorte, il aura meilleur goût et sera consommé plus facilement: en donner au malade pour qu’il en mange, et, comme un bon et sain onguent, cela le guérit de l’intérieur."
(Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)

 

La fougère
"La fougère est tout à fait chaude et sèche, et contient assez peu de suc. Mais elle a beaucoup de vertus analogues à celles du soleil ; en effet, de même que le soleil illumine ce qui est obscur, de même elle met en fuite les apparitions fantastiques, et c’est pourquoi les esprits malins la détestent.
Dans les lieux où elle pousse, le diable exerce rarement ses sortilèges, et elle évite et fuit les maisons et les lieux où se trouve le diable ; là où elle pousse, la foudre, le tonnerre et la grêle tombent rarement ; et la grêle tombe rarement dans les champs où elle pousse.
L’homme qui en porte sur lui évite les sortilèges et les incantations des démons, ainsi que les paroles et autres visions diaboliques. (…)"
(Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)

 

La camomille
"La camomille est chaude, elle a un suc agréable qui constitue un suave onguent pour les intestins.
Si on a mal aux intestins, faire cuire de la camomille dans de l’eau, avec de la graisse ou de l’huile ; ajouter de la fleur de farine, préparer ainsi une bouillie qu’on mangera et qui guérira les intestins." 
(Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)

 

L'hysope (Hyssopus officinalis L.)

Selon Hildegarde «L'hysope purifie le foie et purge un peu les poumons. Celui qui tousse et souffre du foie ou des poumons doit manger de l'hysope avec la viande sous les graisses, et il se sentira mieux.» Elle peut aussi être utilisée contre l'enrouement, les maux de tête, la «lèpre due à la débauche». Et saint Albert le Grand, au XIIIe siècle compte l'hysope parmi les plantes les plus fréquemment cultivées dans les jardins avec la sauge et la rue.

Codex Vindobonensis, series nova 2644: La Récolte de l'hysope

 

  • Les Recettes

Recette à base d'hysope

« L'hysope a une force de siccité et de chaleur de troisième degré. En faisant bouillir ensemble de l'hysope, du miel et des figues sèches, on obtient une boisson d'une utilité incontestée dans les catarrhes les plus violents et dans toutes les affections du poumon ; elle débarrasse les intestins des ascarides lombricoïdes. Prises souvent en breuvage elle est également efficace contre les humeurs qui descendent de la tête dans la poitrine et qui produisent souvent la toux ou la phtisie.Verte ou sèche l'hysope donne une boisson dont l'usage prolongé ranime et embellit le teint. Mêlée avec de l'huile de rose, et injectée dans les oreilles, elle en apaise les douleurs les plus aiguë. » (Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)

 

"L'hysope est une plante médicinale majeure. On utilise les fleurs et les feuilles en infusion pour soigner l'asthme, les bronchites et autres problèmes respiratoires, les troubles de la digestion.En externe, les pétales s'appliquent en cataplasme ou bien en compresse d'infusion sur les ecchymoses et les paupières. Les fleurs peuvent se manger soit fraîches en accompagnement de salade, soit cuites avec d'autres légumes.Cette plante est déconseillée aux personnes nerveuses. " (Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)

 

Contre les affections des dents et la mauvaise haleine

« Il y a peu de maux plus insupportables que le mal de dents, et, s'il est un remède intéressant à connaître, c'est celui qui peut y mettre un terme. Gargarisez-vous donc avec une décoction de violettes dans le vin. Le suc acerbe de l'olivier sauvage est aussi un bon remède : il arrête les bâillements et cicatrise les plaies de la langue. On peut encore en mettre sur la partie douloureuse du vin assaisonné de nitre et de poivre à la saveur brillante. Le suc de chélidoine, le lait de chèvre, le fiel de taureau sont également d’excellents spécifiques contre les maux de dent, aussi bien que les gargarismes de vinaigre. La ronce mâchée est bonne pour les gencives et pour les lèvres. Le lentisque et le myrte purifient l'haleine. La poudre connue sous le nom de poudre dentifrice, est ainsi appelée parce qu'elle sert à frotter les dents , se fait avec de la cendre de corne de cerf, ou des pieds de truie brûlés ou de la cendre de coquille d’œufs délayée dans un peu de vin. On la fait encore avec du murex calciné ou de l'oignon brûlé. On croit qu'on ne peut se guérir qu'à prix d'argent ; mais les remèdes les plus simples, comme ceux que j'indique, sont en même temps les plus efficaces contre toutes sortes d'affections. Si l'on veut arrêter la carie, il faut introduire dans le creux de la dent gâtée de la cendre de fiente de rat. On peut se servir encore de la cendre de dent de cerf refroidie dans du vinaigre, ou de la poudre qui résulte de la combustion des vers de terre. Le lait de chienne a la vertu de cicatriser les brûlures de la bouche causées par des aliments trop chauds. »  (Hildegarde de Bingen, Livre des subtilités des créatures divines)


 

  • Hildegarde Bingen

Hildegarde recevant l'inspiration divine, manuscrit médiéval.

A partir de 1151 Hildegarde eut ses premières visions, elle devient abbesse à Bingen en Allemagne.
Ses conseils, en particulier pour la santé, eurent un grand retentissement aux XII ème et XIII ème siècles, puis sont tombés dans l’oubli, sauf pour la consommation régulière de l’épeautre. Les descriptions des plantes d'Hildegarde sont faites d’observations depuis le jardin de son monastère mais aussi de prétendues visions divines.

Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les Causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle sous des titres changeants. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’ Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret.

 

Sites internet :

http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/95-moyen-age/3914-la-medecine-et-les-remedes-du-moyen-age.html

http://www.medieval-moyen-age.net/

http://www.voyageurs-du-temps.fr/Utilisation-et-usage-des-herbes-et-plantes-aromatiques-et-medicinales-epoque-du-moyen-age-medieval_864.html

http://expositions.bnf.fr/gastro/arret_sur/medecine/index.htm

https://scribium.com/leslie-bello/a/la-mandragore-une-legende-du-moyen-age/

http://www.shp-asso.org/index.php?PAGE=mandragore

http://plantaromes.canalblog.com/archives/2006/04/13/1695958.html

http://arrosoirs-secateurs.com/Le-jardin-medieval-se-soigner-par

http://vincent.detarle.perso.sfr.fr/catho/hildegarde.htm

http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/95-moyen-age/3914-la-medecine-et-les-remedes-du-moyen-age.html

http://www.buddhaline.net/Les-quatre-elements-le-corps-et-le

http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/95-moyen-age/3914-la-medecine-et-les-remedes-du-moyen-age.html

http://plantesmedicinales.free.fr/moyenage.htm

http://equipement.paris.fr/jardin-medieval-du-musee-de-cluny-2443

 

Livres :

Edouard Brasey, L'Encyclopédie du légendaire : trésors, artefacts et armes magiques, Paris, éditions le Pré aux clercs, 2008

Mikhaël d'Estissac, De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Paris, éditions François de Villac, 1996.

Michel Botineau, Les plantes du jardin médiéval, Belin EVEIL NATURE

Paul Ferris, Les Remèdes de Santé d'Hildegarde de Bingen, POCHE MARABOUT santé, 2002

La Santé au Moyen-Age éd. La Tour Jean Sans Peur, 2008

Odeon de Meung (Macer Floridus), La Pharmacie des moines d'après le Traité de la vertu des plantes, IXe siècle


 

panacée (nom féminin)

(latin panacea, du grec panakeia, remède contre tous les maux)

  • Produit qui était jadis réputé actif contre un grand nombre de maladies (panacée d'Esculape ou thapsia, par exemple).

  • Remède prétendu universel contre tous les maux, capable de résoudre tous les problèmes : Une panacée dans le domaine économique.

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